« Je conçois le coaching comme l’accompagnement d’une personne sur le chemin d’un accomplissement, qu’il soit d’ordre personnel ou professionnel – ce que l’on appelle couramment atteindre un objectif. L’accompagner signifie se tenir à ses côtés, sans la devancer ni la perdre de vue. Ce chemin particulier devient unique et appartient à celui ou celle qui le trace. »

–Laurence Chalmet-Huot, coach

Le coaching, un luxe ?

La médiatisation relative du coaching, ses formes multiples, l’emploi généralisé du terme pour désigner des pratiques frontalières et pourtant différentes telles que le conseil ou la formation, contribuent à rendre son existence familière en même temps qu’en brouiller les contours. Aussi faut-il préciser ce dont il s’agit ici. Je conçois le coaching comme l’accompagnement d’une personne sur le chemin d’un accomplissement, qu’il soit d’ordre personnel ou professionnel – ce que l’on appelle couramment atteindre un objectif. L’accompagner signifie se tenir à ses côtés, sans la devancer ni la perdre de vue. Ce chemin particulier devient unique et appartient à celui ou celle qui le trace.

Quant au luxe, il renvoie tout ensemble à l’abondance, la profusion, la somptuosité, le raffinement mais aussi au caractère de ce qui est rare, exceptionnel, et le plus souvent, d’un coût élevé. Il est aussi ce qui suscite le désir, parfois même nourrit le fantasme. En réalité, chacun en a sa propre définition selon ses habitudes de vie, son environnement culturel, ses valeurs, ses rêves… bref, sa grille de lecture du monde.

On voit ainsi se dessiner un lien possible entre coaching et luxe : le caractère unique, éminemment personnel, de l’expérience, et l’irréductibilité à une définition convenue, un modèle normé, ou une trajectoire pré-établie. Dans la relation qui se noue entre le coach et son client, ce dernier se dégage progressivement des contraintes du prêt-à-penser, de l’urgence, de la performance quantifiée qui, entre autres, dominent le champ social et professionnel et contribuent à occulter l’énergie du désir. Or c’est elle que le client vient (re)trouver et, avec elle, la capacité à agir.

Si le coaching est un luxe, c’est celui d’un échange dans lequel demeurent possibles et vivables le doute, la peur, le non-savoir, le silence. L’accueil, sans a priori ni jugement, de ce qui est – c’est à dire des matériaux intellectuels, émotionnels, sensoriels amenés par le client en séance – ouvre un espace dans lequel ce dernier va élaborer des solutions nouvelles et se mettre en mouvement. Le coaching a ses écoles, ses chapelles, ses outils, ses méthodes, et même ses modes. Pour autant, son efficacité véritable tient avant tout dans la co-création, par le coach et son client, de cet espace où chacun d’eux expérimente le luxe d’être soi en présence de l’autre.

Un autre versant du rapport entre luxe et coaching est celui de l’argent. Sujet complexe qui renvoie à l’appréciation de la cherté d’un produit ou d’un service, elle-même résultant de nombreux paramètres d’ordre individuel et collectif, objectifs et subjectifs, conscients et inconscients. Autant dire que cette appréciation est, elle aussi, extrêmement personnelle… Ainsi pour certains, un après-midi de marche solitaire en forêt, téléphone éteint, hors des bruits de la ville, peut constituer un véritable luxe, dont le coût est pourtant quasi nul !

Les tarifs du coaching varient d’un professionnel à l’autre et en fonction du contexte (financement par le coaché/par un tiers, taille de l’entreprise, enjeux du coaching, etc) ; ils se situent dans une fourchette comprise, grosso modo, entre 70 euros et 500 euros l’heure de coaching.

Posée en termes financiers, la question centrale est celle de l’appréciation du retour sur investissement : cela vaut-il la peine de dépenser quelques centaines ou milliers d’euros pour résoudre tel problème ? Sans compter le temps (de travail ou personnel) et l’énergie à consacrer à l’exercice. La réponse, là encore, ne peut être généralisée : une demande de coaching s’inscrit dans un contexte précis, à un moment particulier de l’évolution d’un individu ou d’une organisation. L’un ou l’autre ont généralement déjà cherché, expérimenté des solutions qui se sont avérées inopérantes et la démarche de coaching est mûrement réfléchie. Il n’en reste pas moins vrai que pour un particulier, elle suppose un certain niveau de revenus. On voit bien la difficulté, pour des personnes au chômage, en fin de droits, disposant de revenus faibles, de faire appel à un coach alors même qu’elles en ressentent le besoin. Quant à ceux qui peuvent envisager financièrement un coaching, reste alors la question du choix délibéré de consacrer une fraction de leurs revenus, pendant un temps donné, à cette expérience particulière.

La question de départ pourrait finalement se reformuler ainsi : le coaching, luxe ou nécessité ? Et la réponse pourrait être : si le coaching partage avec le luxe de faire miroir au désir, alors ce peut être, parfois, une nécessité…


Cet article est paru dans le web magazine « Luxe, Calme & Volupté »

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