Coaching versus introspection

La question m’est parfois posée par des personnes confrontées à une difficulté et qui envisagent un accompagnement : mais pourquoi je n’arrive pas à me sortir tout seul de cette situation ? à faire un choix ?  prendre une décision ? La plupart du temps j’y parviens mais là, non. J’y ai pourtant beaucoup réfléchi, j’ai retourné le problème dans tous les sens et je n’avance pas.

« Si perçante soit la vue, on ne se voit jamais de dos » (proverbe chinois)
 
Qu’est ce qui différencie donc un travail de coaching d’une réflexion menée seul(e), aussi honnête et rigoureuse soit-elle ? A mon sens trois facteurs principaux :

a) La présence d’un autre que soi
La présence du coach est une  invitation faite au client à penser autrement – à coté, plus loin, plus simple, moins vite …ou tout l’inverse!
 
Elle offre au client une possibilité de se « désincarcérer » de ses propres représentations, croyances, raisonnements et perceptions au regard de la situation problématique qui fait l’objet de la demande de coaching.
 
Elle autorise l’expression de ce qui, dans la solitude d’une introspection, pourrait etre vécu comme indicible, non représentable voire insupportable, donc inaudible par le client lui-même. On pourrait formuler cela ainsi : le client s’entend car le coach est présent et l’écoute.

b) Une écoute spécifique
L’écoute du coach n’est pas celle de la vie quotidienne,  elle a ses exigences et ses vertus propres.
 
Elle suppose de la part du coach un travail de reconnaissance et de levée de ses propres filtres – représentations, opinions, jugements, savoirs a priori, etc – et une disponibilité à ce qui se passe non seulement en provenance du client (paroles, silences, attitudes) mais également en lui-même (pensées, ressentis, émotions).
 
L’objectif est d’ouvrir un « espace-temps » au client au sein duquel il peut explorer en sécurité non seulement sa pensée mais aussi ses sensations, ses émotions, le vivant en lui qui recèle ses ressources propres et la genèse de la dissolution de la problématique. Cette écoute n’est pas « naturelle » au sens où elle n’est pas celle qui caractérise les échanges humains ordinaires, qui sont souvent encombrés de ce qui fait du bruit en nous par dessus la parole de l’autre.

c) Le cadre posé aux conversations de coaching
La présence de limites réelles (tout ce à quoi se sont engagés le client et le coach) qui soutiennent voire rétablissent les limites symboliques, protège non seulement l’espace relationnel ouvert entre le coach et son client mais également l’espace intérieur de chacun. Elles sont là pour aider à repérer, différencier, distinguer, clarifier ce qui pourrait, dans le discours du client comme dans les interventions du coach, conduire à la confusion de la place et du rôle de chacun.
 
Elles viennent rappeler l’altérité nécessaire à l’émergence de quelque chose qui n’appartient ni au client ni au coach, que ni l’un ni l’autre ne peuvent connaître ou prévoir à l’avance mais seulement constater dans l’après-coup.

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